Concours de poèmes organisé par les médiathèques Croix-Rouge, Laon-Zola, Jean-Falala et la bibliothèque Carnegie, sur le thème du 800ème anniversaire de la cathédrale de Reims.

Hélas voici encore la lumière tremblée de mes réveils de pierre
Venant baigner diffuse comme des larmes perlées
L’arabesque de mes paupières et les plis de l’étoffe.
Voilà qu’une pluie multicolore fond sur les pavés glacés
Et peint d’or et de rougeur ma silhouette raide
M’arrachant à la mort au Pygmalion trompeur.
La lueur rampe, passe les vitraux frappés de clarté,
Rayon moqueur qui éveille des ombres et fait tinter le verre,
En sursaut mille voix ténues, surprises d’être éveillées
Se mêlent au chœur, acclament le jour qui grandit,
Et je crois entendre, tout mon corps en frémit,
Sous la voûte l’écho incroyable de l’orgue
Qui autrefois résonnait si souvent.
Le jour diffracté baigne la pénombre d’émeraude et d’azur
De nacarat et d’or. En haut des colonnes infinies les peintures
Frissonnent, au pied les sépultures semblent se réchauffer.
Et mon cœur se gonfle sous l’émoi et je mêle ma voix
Pour chanter le triomphe de l’orgueil insatiable qui nous a placés là,
Anges empierrés, acrolithes figés les bras tendus vers le ciel implacable
Têtes de marbre et fiers pourtant de leurs ailes de pierre.
Où est parti ce dieu illustre, abandonnant le plus glorieux palais,
Cathédrale ouvragée, édifice fameux, fierté des hommes à lui offerte,
Et dont nous sommes l’offrande, sages sculptures lentement décrépies ?
Mais oubliée de tous, sinon des oiseaux,
La cathédrale en ruine, dorée, immémorielle sous le soleil,
Module un long cantique, comme les fidèles au temps des laudes,
Et les pierres soupirent, nul ne les voit, nul ne les admire,
Elles seules s’entendent mourir.